samedi 28 février 2009

Propos à propos

Deux expériences projettent leur ombre sur mon existence : la première est la constatation que le monde est inexplicablement mystérieux et plein de souffrance; la seconde, le fait que je suis née à une époque de déclin spirituel de l'humanité.

Mon existence a trouvé sa base et son orientation à partir du moment où j'ai reconnu le principe du respect de la vie, qui implique l'affirmation éthique du monde.

C'est ainsi que j'ai pris position et que je voudrais travailler à rendre les hommes plus profonds et meilleurs, en les amenant à penser sur eux-mêmes. Je suis en désaccord avec l'esprit de ce temps, parce qu'il est plein de mépris pour la pensée.

On a pu douter que la pensée fût jamais capable de répondre aux questions sur l'univers et sur notre relation avec lui, de sorte que nous puissions donner un sens et un contenu à notre existence.

Dans le mépris actuel de la pensée entre aussi de la méfiance. Les collectivités organisées, politiques, sociales et religieuses de notre temps s'efforcent d'amener l'individu à ne pas forger lui-même ses convictions, mais à s'assimiler seulement celles qu'elles tiennent toutes prêtes pour lui.

L'homme qui pense par lui-même, et qui en même temps est libre sur le plan spirituel, leur est un être incommode et mystérieux. Il n'offre pas la garantie qu'il se fondra à leur gré dans l'organisation.

Tous les groupements constitués recherchent aujourd'hui leur force moins dans la valeur spirituelle des idées qu'ils représentent et des hommes qui leur appartiennent, que dans leur complète et exclusive unité. C'est de cette unité qu'ils croient tenir leur plus grande puissance offensive et défensive.

C'est pourquoi l'esprit de notre temps ne déplore pas que la pensée ne semble pas à la hauteur de sa tâche, mais s'en réjouit au contraire. Il ne tient pas compte de ce qu'en dépit de son imperfection elle a déjà accompli. Il ne veut pas reconnaître, - contre toute évidence, - que le progrès spirituel a été jusqu'ici l'oeuvre de la pensée. Il ne veut pas davantage envisager que la pensée accomplira peut-être dans l'avenir ce qu'elle n'a pu réaliser jusqu'ici. L'esprit de notre temps néglige ces considérations. Ce qui lui importe, c'est de discréditer de toutes les façons possibles la pensée individuelle.

Sa vie durant, l'homme d'aujourd'hui est donc exposé à des influences qui cherchent à lui ôter toute confiance en sa propre pensée. La suggestion de dépendance spirituelle à laquelle il doit se soumettre se manifeste dans tout ce qu'il entend dire ou lit. Il la trouve chez les gens qu'il rencontre, dans les partis et les associations qui l'ont annexé. Des manières les plus diverses, on fait pression sur lui, afin qu'il reçoive les vérités, dont il a besoin pour vivre, des associations qui ont des droits sur lui. L'esprit de notre temps ne laisse pas l'individu faire un retour sur lui-même. Sans cesse on s'efforce de lui imposer des convictions, comme dans les grandes villes on fait flamboyer les enseignes lumineuses d'une compagnie assez riche pour s'installer solidement et pour nous enjoindre à chaque pas de donner la préférence à tel cirage ou à tel potage en poudre.

L'esprit de notre temps contraint donc l'homme à douter de sa propre pensée, afin de l'amener à recevoir ses vérités du dehors. Or l'homme ne peut pas opposer la résistance nécessaire à ces influences continuelles parce qu'il est lui-même un être surmené , incapable de rassembler ses idées et de méditer. En outre l'absence de liberté matérielle, qui est sa condition, agit sur lui de telle sorte qu'à la fin il ne se croit même plus justifié à revendiquer des idées personnelles. Sa confiance en soi est écrasée aussi par le prodigieux développement de la connaissance. Il n'est plus capable de comprendre et d'assimiler les nouvelles découvertes. Force lui est de les accepter comme quelque chose d'incompris. Cette attitude à l'égard de la vérité scientifique le porte à admettre que le résultat de la pensée ne peut lui suffire.

C'est ainsi que les circonstances de la vie actuelle font de leur mieux pour livre l'homme à l'esprit du temps.

La semence du scepticisme a levé. En réalité, l'homme moderne n'a plus aucune confiance en lui. Sous une attitude pleine d'assurance, il cache une inquiétude spirituelle. En dépit de sa capacité technique et de son pouvoir matériel, c'est un homme qui s'étiole parce qu'il ne fait pas usage de sa faculté de penser. Il restera toujours inexplicable que notre génération, qui s'est montrée si grande par ses découvertes et ses réalisations, ait pu tomber si bas dans le domaine spirituel.

Bas les masques !

L'auteur de ces lignes n'est pas la Christina de 2009, mais l'Albert Schweitzer de 1931 !
Cet extrait, dont la pertinence actuelle m'a frappée, est tiré de son livre : "Ma Vie et Ma Pensée".

A méditer...

vendredi 27 février 2009

Buvez un p'tit coup à ma santé !


Même si ce n'est pas un "cuba libre"...

jeudi 26 février 2009

T'as l'bonjour d'Albert !


Incroyable, mais vrai !

Il est donc humainement possible, dans la même journée, d'aller voir au cinéma "Yes man", gentille comédie américaine avec Jim Carrey, puis, une fois rentrée chez soi, de s'interroger sur le sens de la vie. Je concède que l'enchaînement est spectaculaire, mais j'ai osé tenter ce grand écart !

Je reconnais volontiers que le bon docteur Albert Schweitzer m'a donné un petit coup de main :

"La seule possibilité de donner un sens à son existence, c'est d'élever sa relation naturelle avec le monde à la hauteur d'une relation spirituelle."

Cette phrase est extraite de son autobiographie "Ma vie et ma pensée". J'ai commencé à la relire hier soir car elle contient des pépites de pensée que je souhaite vous faire partager. Entre "The Wrestler" et "Slumdog Millionaire", je vais bien trouver un moment pour nourrir mon esprit ?

Il est minuit, élève Christina...

mercredi 25 février 2009

La baluchon troué

Des années qu'il errait, son baluchon pour tout trésor.

Je l'ai croisé au hasard d'une éclaircie. La pluie avait décrotté son visage de vieil enfant. Je lui ai offert mon aide inutile, il m'a accordé une heure de vérités indispensables. Nos vies se sont effacées et inclinées devant un présent dévoreur d'avant et d'après.

Il a plongé sa main dans le baluchon fripé pour en sortir d'exquis mots qu'il me lança en pleine gueule. On ne m'avait jamais parlé comme cela. Jamais une voyelle, jamais une consonne n'avaient pesé aussi lourd. Des espaces se créaient sur les flots de notre conversation. Des mondes déchiraient ma vieille imagination, chrysalide d'un temps révolu. Je suis devenue une mutante spirituelle. Pour toujours.

Il finit par partir avec l'éclaircie, son baluchon pour seul compagnon. Mon sourire l'a accompagné de ses yeux humides. Je n'avais pas vu qu'il avait laissé échapper deux mots de sa besace trouée. Ils resplendissaient là, à mes côtés, sur le banc public témoin de notre rencontre improvisée.

Je les ai gardés. Je leur ai même trouvé un nom. "Courage" et "foi".

Je prie qu'il ne viennent pas à lui manquer. Faut dire qu'ils me sont si chers depuis...

mardi 24 février 2009

Une nouvelle bannière ?

Je me tâte.

Vais-je conserver la bannière sobre et minimaliste ? Ou dois-je en concevoir une plus "personnelle" ?

Quelques exemples, pris au hasard :

ou :


ou :


ou :


ou :


ou :



Je vais cogiter... mais n'hésitez pas à me laisser vos suggestions (style, genre de fond, type de font, et tutti quanti !!!)

lundi 23 février 2009

Etoiles et toiles

Une nouvelle rubrique dans ce blog : "Etoiles et toiles"

Les plus sagaces d'entre vous auront deviné qu'il y sera question de cinéma. Je vous donnerai juste un avis synthétique et noté sur les derniers films que j'aurai vus en salle.

3 films pour cette première !



15/20 : Magnifique film de plus de 2h30 que vous ne verrez pas passer ! Le port du kleenex est conseillé. Brad Pitt et Cate Blanchett sont juste remarquables.



13/20 : Bon Walt Disney avec trois bestioles attachantes ! Emmenez-y les jeunes et les moins jeunes !



12/20 : Un Clint Eastwood ! L'interprétation de la légende californienne est impeccable. Les ficelles sont légérement trop apparentes à mon goût. Mais c'est un bon film qui repose évidemment sur les solides épaules de Clint ! Vous pouvez aller le voir les yeux fermés (enfin, pas trop, hein !) si vous êtes fan de l'ancien maire républicain de Carmel.

dimanche 22 février 2009

Bang bang

Immeuble 1207 - Gaël Chapo
http://gael-chapo.over-blog.com

Une tour de banlieue. Un éducateur niais. Un "djeun" armé.

- Tu sais, l'arme apostrophe mais supprime vite son apostrophe...
- Mon gun te calcule pas bouffon d'ta race !
- La peur appelle les pleurs...
- Zyva le bigleu ! Comment t'es trop cheum ! Arrête tes onkeries ou j'te fume la chetron!
- Je sais, la vie ne t'a pas été facile !
- T'es ouf du caisson, l'trembleur ! Cé les keufs ki me gavent ! Ma life à ouam me fait kiffer grave !
- Mais il te faut accepter une véritable formation pour pouvoir ensuite te lever plus tôt afin de travailler plus pour gagner plus !
- T'es chtarbe gros naze ! C'est nawak ta story d'gros bâtard! Moi, j'ai un taff ki arrange mes affaires de zob ! En une journée, j'ramasse plus que toi en un mois ! Après, je flambe ! L'oseille peut me brûler les merguez, j'en ai que dalle à foutre ! J'ai ma lexro pour être à l'heure dans mes deals ! Tu m'gaves ouch !
- Mais tôt ou tard, tu feras de la prison. En es-tu conscient ?
- Zyva, tu m'vénères ! Rien à branler d'la zonpri ! J'ferai tatouer les plans du cagibis sur mon dos ! Alors, ça t'la coupe espèce de batard ? T'as vraiment le chiro dans les nike, espèce de taffiole !
- Mais qu'en pensent tes parents ?
- J'les nique mais arrête d'insulter mon daron et ma reum, tête de tricare !
- Je prierai pour toi, alors !
- Commence par toi, mito !

"Bang !" La balle fit un joli troisième oeil sur le front de l'éducateur au sourire figé pour quelques éternités.

- Fallait pas me manquer de respect, bouffon !

samedi 21 février 2009

Vision léonine


La statue séculaire scellée saute soudain de son socle. Le lion libre lape lentement et longuement l'eau lagunaire. Le ventre ventripotent, vaguement vacillant, vraiment vaillant, il va vagabonder et vadrouiller vers vingt vénérables venelles vétustes. Vivre à Venise virginise voluptueusement votre vaine vie. La langue lâchée, le lion lascif et libidineux lorgne la lucarne d'un luxueux lupanar lacustre. Une urgence urinaire unifie un univers utopique à un ultimatum ubuesque. Soulagée, sa seigneurie saigne silencieusement son secret séculaire. Déjà deux ding-dong disent de déguerpir derechef. Lentement, lourdement, le lion livide longe la lagune et ligote sa liberté sur la loge lugubre. Échappée et escapade éternelle en échec. Espoirs d'espaces ébréchés. Étrange Eldorado évanescent d'éternité étouffante. Le lion larmoie et lamente la lagune lépreuse. Mille morts mystérieuses maraudent majestueusement. Ville verrouillée, ville vérolée, ville vestige, Venise veut vivre vaporeusement, voluptueusement, vétustement et vénérablement.

Visiteur, prends grand soin d'écouter l'âme du prince de la cité des Doges rugir au crépuscule dans le silence des clapotis des canaux. Elle te dira qui tu es.

vendredi 20 février 2009

Dura lex sed rolex




"Comment peut-on reprocher à un président d'avoir une Rolex ? Enfin ! Tout le monde a une Rolex ! Si à 50 ans on n'a pas une Rolex, on a quand même raté sa vie !"
Jacques Séguéla

No comment.

Les gestionnaires gesticulants

L'avez-vous remarqué ?

J'avoue n'y avoir jusqu'à présent prêté qu'une attention distraite. Mais ce matin, allez savoir pourquoi, l'évidence de "la chose" a chassé toutes les autres idées pour faire le siège de mon esprit abasourdi.

Je ne vais pas vous faire lanterner plus longtemps. Je viens juste de réaliser à quel point la gestion a phagocyté la vie. Celle de la société tout comme les nôtres, nous, petits rouages de cette machine infernale dont nous avons aujourd'hui perdu le contrôle.

Quel détestable paradoxe de reconnaître ne plus maîtriser notre économie et de s'obstiner à vouloir la "gérer" à tout prix selon des critères très souvent contradictoires voire incompatibles. L'homme a perdu ses bésicles. Sa myopie le condamne à la courte vue. Foin du regard porté vers l'horizon de notre condition humaine. Continuons donc à baisser nos nez de boeufs et à avancer à tâtons dans notre nuit spirituelle en suivant les lumières factices mais scintillantes des vi(ll)es mirages.

On est paumés, on le sait et on se tue à croire que la seule solution consiste à "gérer" cette grosse turbulence. Alors gérons. La crise ou plutôt les crises, la détresse, la peur, l'anxiété, le manque. Continuons à faire appel à nos spécialistes ! La technicité a été portée au nues. Les experts en technologies et les experts en gestion ont cru détenir les clés du monde dit moderne. L'omnipotence a été érigée en qualité suprême. Mais nous voilà pourtant plantés. Et méchamment.

Notre course hors de nous-mêmes nous a conduit dans un monde de pacotilles et de valeurs en trompe-l'oeil. Nous nous sommes égarés en massacrant notre maison avec nos jeux interdits. "Allô maman, bobo !"

La nature nous prépare la facture. Elle sera douloureuse. La machine à rêve s'est mutée en fabrique de cauchemars. Et nous sommes là à persister vouloir trouver une solution sortant de nos cartables de pitoyables gestionnaires. Notre raisonnement est bloqué sur le mode économique. Hors de l'économie point de salut, crient les gestionnaires dont l'affolement leur est de moins en moins dissimulable.

Mais qui sont ces gestionnaires ? La question est plutôt : qui n'est pas gestionnaire ? La classe politique avoue de facto son impuissance en gesticulant autour de ridicules marges de manoeuvre. La classe financière est empêtrée dans des scandales et un laxisme sans bornes. Les entrepreneurs ont les yeux rivés sur des tableaux de bord qu'ils n'ont de cesse de réviser de plus en plus fréquemment. Bref, tous les dirigeants sont des gestionnaires qui ne parviennent plus à gérer grand chose. C'est la panique. Une grosse perte de confiance dans toutes les composantes de notre magnifique système à exploiter, produire et consommer.

La faute à qui ? A la crise ? Quelle bonne blague ! Et d'où vient cette crise, à votre avis ?

De notre inconséquence. De notre incapacité à être des visionnaires portés par des valeurs humaines et spirituelles. De notre répugnance à partager. De notre peur à ouvrir nos bras. De notre fatigue à n'être que des consommateurs frustrés dans une société en perte de sens.

Les gestionnaires ont failli. Le soubresaut qui ne fait que commencer nous appelle à une réflexion individuelle et collective. Nul n'y échappera. La société est à réinventer. En privilégiant des valeurs collectives qui rejailliront sur notre bien-être individuel.

Oui, cette crise est une magnifique opportunité. Sachons la saisir pour ne pas tomber sur des lendemains sans nom.

jeudi 19 février 2009

Un confetti sous l'alizé

Certains ont voulu la rupture. La voilà. Peu de doute qu'elle ne soit définitive dans les coeurs et les esprits. Un confetti d'empire s'envole sous les alizés.

Le poète et homme politique antillais Aimé Cesaire a écrit : "Une civilisation qui s'avère incapable de résoudre les problèmes que suscitent son fonctionnement est une civilisation décadente".

Ce n'est évidemment pas le scoop du jour. Sachons toutefois reconnaitre que l'alizé précède la véritable tempête à têtes d'hydre qui va nous contraindre ces prochains temps à opérer les changements de civilisation que nous aurions dû décider il y a belle lurette.

Cela va souffler autour de nos esprits essoufflés, de nos coeurs engourdis et de nos âmes ensommeillées.

Golden life, fucking life !

- Je viens voler vos viles vies vides...
- Crois cela, chère cupidité !
- Vous vendez vos véritables valeurs vraiment vite...
- Tu te trompes toujours, triste tentation !
- Mille maux marquent ma magistrale mainmise...
- Lorsque la loi laissera la liberté livrer les lucides lumières, le lucre lâchera lentement la lanterne !
- Sombre sot ! Savoir sans spiritualité signifie subséquemment sa stérilité !
- Quelle qualité quêter quotidiennement ?
- Venez vénérer vos vénérables valeurs virtuelles !
- Sale serpent satanique !!!

Finalement, Eve puis Adam croquèrent quand même la golden life toute brillante. C'était foutu.

mercredi 18 février 2009

Sous le soleil, ça cogne.

Je cuis dans la fournaise qui dévore une cour d'école rendue anémique. Le soleil a fondu la vie et dissous le temps. Rien ne frémit ni ne bruit. Je n'attends rien. Je ne fais que chauffer. Pétrifiée. Quelle folie pourrait briser l'éternisation de cette minéralisation en marche ? La penser, c'est l'appeler. J'aurais dû me méfier.

Soudain les cris de deux enfants gorgés de vie viennent pulvériser mon immortalité en un foisonnement de fugacités. Les gosses s'égosillent en une violente dispute. Je suis à portée de leurs poings qui commencent à tourbillonner en une farandole grotesque. Il pleut désormais des coups. Ils inondent la cour déserte qui scande une haine affamée et jamais repue.

Au paroxysme de la lutte, je me sens prise. Cinquante centimètres plus tard, je suis aspergée d'une douce chaleur vermillonnée. C'est alors que je chois. A côté du crâne béant d'un des deux protagonistes. Un ruisseau lie-de-vin vient enivrer ma vie immaculée. Une autre s'efface à force de soubresauts hoquetant. L'enfant resté debout n'est déjà plus que le fantôme de lui-même. Livide, il écarquille des prunelles qui n'auront plus de cesse que de supplier le soleil de les brûler à jamais.

Le calme a enfin réinvesti la cour. Phébus aura tôt fait d'assécher les traces de ces dissonances. J'avoue souhaiter ardemment recouvrer ma tranquillité de pierre. Loin de ces êtres énigmatiques qui se tuent à se détruire. Puissent-il un jour avoir la décence de ne plus m'entraîner dans leurs turpitudes. Mais peu importe après tout, puisque le soleil va se charger d'effacer tout cela en brûlant leurs mémoires volatiles de passagers futiles et furtifs de la vie.

Je retourne à mon éternité pétreuse.

mardi 10 février 2009

L'envie d'avoir envie

Qu'on me donne l'envie d'avoir envie, hurlait notre belge "national" émigré en Suisse. Et bien, je le comprends, le Jojo. Quelle tristesse de perdre cette envie qu'on croyait chevillée à chaque cellule de son corps. La voilà qui fait "pschitt". Une évanescence inattendue. J'en suis la première surprise. La première peinée, aussi.

Alors, voilà : je m'en remets à vous. Pas pour me faire prier. Pas pour me faire désirer. Non. Rien de tout cela. Je suis indécise. Partagée. Je doute de mon envie de continuer ce début de chemin dans notre drôle de blogosphère. J'ai l'impression que ce blog n'a aucune utilité. Qu'il n'intéresse pas grand monde. Bref, j'ai une véritable et grosse envie de le bazarder.

Aussi, je vous propose le "deal" suivant : votre intérêt fera le mien. Vous trouverez donc ce sondage basique : "Christina doit-elle continuer son blog ?". Avec "oui" et "non" comme seules réponses possibles. En fonction du résultat, je poursuivrai ou pas. Pour que cet appel aux lecteurs signifie quelque chose, je définis les "règles" suivantes :

Minimum de 50 votants ("oui" et "non" confondus) et date limite de vote au mardi 17 février midi. S'il n'y a pas 50 votants à cette date, j'arrête. S'il y a plus de 50 votants avec une majorité de "non", j'arrête. Bref, je ne continuerai que s'il y a plus de 50 votants et une majorité de "oui".

C'est peut-être bête, puéril et étonnant, mais telle est ma résolution. Elle est irrévocable.

Je suis partagée. A vous de me départager. Le "verdict des urnes" me conviendra à merveille, quel qu'il soit.

Merci pour votre compréhension !

PS : j'espère que le système interdit tout vote multiple... si tel n'est pas le cas, merci de jouer le jeu et de ne voter qu'une fois !

La salsa des cuba libre

Je suis assise seule à la terrasse panoramique de ce bar du port de l'île des Saintes au large de la Guadeloupe. Le soleil en chute libre me rend écrevisse.


Un sourire mi-carnassier mi-hilare me sert mon quatrième cuba libre. Je saisis au vol le clin d'oeil goguenard que le garçon lance à son collègue. Ils me connaissent mal. Je tiens la distance, surtout à l'autre bout du monde.


Véronique Sanson a remplacé la série de zouk. Mon esprit largue ses amarres. Imperceptiblement. Inexorablement. Je suis ici et ailleurs. Le temps s'estompe puis tire sa révérence sous les assauts de sa maîtresse, l'imagination. Elle me prend la main, le coeur, l'esprit, le corps entier. Je flotte. Comme les glaçons dans mon cocktail. Je tends maladroitement le bras gauche pour sauver le soleil de la noyade. Peine perdue. Plouf. J'en pouffe. Peu discrètement. Mais qu'importe ces ombres fantomatiques, pourvu que l'ivresse de l'aventure fasse danser mon esprit !

Je suis bien. La vie m'enivre. Elle chatoie de mille feux. Tout tourne autour de moi. Tout sarabande. La lune est monstrueuse. L'alizé me caresse. Le plaisir m'inonde. Les secrets de l'univers se dévoilent. Impudiques. Ils me tutoient et je les écoute avec un sourire de contentement.

Je crois vaguement me souvenir de l'heure du dernier bateau pour rejoindre la Guadeloupe et le centre UCPA où je séjourne pour un stage de randonnée. La raison vacille avec le cinquième cuba libre. Le bateau attendra sûrement. Il n'aura qu'à lire dans mes pensées et faire lui aussi le plein.

Ma vie métropolitaine se dilue dans le rhum de mon cocktail pour ressortir vêtue de foulards bariolés. Le gris a définitivement pris les voiles, chassé par les vents tropicaux. J'ai l'impression d'être le corsaire de ma vie. Je suis tellement barrée que j'en prends la barre à la barbare. L'instinct me gouverne. La passion me dirige. La réalité s'est travestie. Qu'importe, pourvu que mon cuba libre continue sa danse.

Je l'entend à peine, la sirène prétentieuse du bateau. Je le vois vaguement quitter le ponton. Je crois même que mon sixième verre se soulève pour trinquer en son honneur. Baudelaire et Rimbaud viennent me tenir compagnie. On refait le monde. Les vers virevoltent avec les verres. Miles Davis a remplacé Véronique, probablement partie se rincer le gosier. La nuit s'installe. Tout est possible.


J'allonge les jambes sur la chaise d'en face. Mes paupières se font des clins d'oeil de plus en plus appuyés. J'éprouve moins de facilité à répondre aux bruits qui sortent des bouches qui titubent autour de moi. Les lampadaires du ponton viennent tout juste de commencer à danser la salsa. Ils s'allument les uns les autres. Certains semblent même vouloir s'approcher de moi. A coup sûr, ils vont m'inviter. La nuit sera magique. C'est mon dessous de verre qui me l'a confié. En m'intimant de ne surtout pas le répéter. Quel idiot, celui-là, puisque tout le monde sait qu'une nuit sous les tropiques est toujours magique !


D'ailleurs, il est où, le garçon ? Mon verre vide cherche sa moitié pour prolonger cette salsa des cuba libre. Rhum et coca, siouplé !

La suite fut moins glorieuse, mais cette soirée est gravée à jamais dans ma mémoire...

lundi 9 février 2009

Avec le temps...

J'ai hésité entre "Je chante" de Charles Trenet et ce morceau. Comme je me suis levée du pied gauche...


dimanche 8 février 2009

samedi 7 février 2009

vendredi 6 février 2009

Une soirée devant la télé

Comme plus de quinze millions de sujets, j'ai regardé le "Sarkoshow" intitulé ce soir : "90' pour sauver les français".

Probablement doucement susurré à ses oreilles par la talentueuse Carla, Nicolas a cité cet extraordinaire film de Franck Capra : "La vie est belle" ("It's a wonderful life" pour les puristes). Hélas, Nicolas n'est pas James Stewart. Mais notre chef d'état n'a cure de cet acteur dégingandé. Il lui préfère Bruce Willis. Un héros, lui. Bodybuildé, courageux, intrépide. Mais également rempli d'humour, d'auto-dérision et de compassion. Bref, le héros idéal pour sauver tout un peuple sauvagement agressé par cette hydre planétaire qu'on appelle d'une voix éteinte : "LA CRISE".

Notre courageux Nicolas a démarré son entreprise de restauration de la confiance, pied au plancher. C'est que 90 minutes, c'est vraiment peu pour infléchir notre fâcheuse tendance à vouloir baisser les bras sauf pour tenir de belles banderoles. Allait-il aborder le sujet à la Kaa ? Vous savez, le serpent hypnotiseur du "Livre de la Jungle" : "aie confiansssssssssssseeeee !"

Que nenni point ! Notre Nico, démarra sa démonstration par ce terrifiant constat : la crise qui ne fait que commencer à nous éreinter serait la plus terrible depuis un siècle ! Pire donc que celle de 1929 ?

Brrr... j'en ai frissonné. Je me suis frotté les yeux : peut-être m'étais-je trompée et avais-je mis un film catastrophe ? Mais non, j'étais bien sur France 2 et c'était bien Nicolas 1er qui officiait, servi par une gentille troupe de troubadours aux sourires énamourés. Même Java, ma chatte tranquillement lovée à mes côtés, commençait à dresser les oreilles et le poil.

La crise, donc. Planétaire. Financière. Économique. Sociale. Sans compter toutes les autres déclinaisons qui n'ont pas été abordées faute de temps. Je pense notamment au lourd volet écologique. La crise entre toutes les crises, celle qui rangera notre soubresaut actuel au rang d'aimable plaisanterie. Mais bon, step by step ! On aura bien le temps de se le prendre en pleine gueule ce mur en béton armé qu'on construit patiemment depuis quelques générations insouciantes.

Alors Nico, qu'est-ce qu'on doit faire ? Que nous proposes-tu ? On serre les fesses ? On achète tous un exemplaire de la méthode Coué pour les nuls ? Ou alors on applique la politique de l'autruche ? Et si on se retroussait les manches ? Ah oui... c'est vrai... on n'a plus de manches. On a du rapiécer nos chemises élimées pour les transformer en chemises à manches courtes. Pfff ! Il n'y a pas à dire, la crise, c'est la crise !

Alors, si j'ai bien capté, il va falloir attendre le rencard du 18 février pour en savoir plus ? La Sainte Bernadette ? Tu crois que nous allons voir l'espoir comme la petite Soubirous avait vu la Vierge ? Tu vois, si j'avais été à ta place, j'aurais carrément choisi la date du 14 février. La Saint Valentin, quoi ! On se réunit tous, on dit qu'on s'aime, on se fait même des papouilles et puis on promet, on jure et on crache pour des lendemains qui chantent. Tous ensemble, tous ensemble. Trop baba ? Peut-être. Mais vraiment, Nico, t'as rien d'autre dans ton sac à malices ? Que dalle ?
Euh... on va improviser ? C'est cela ? Comme d'habitude, quoi...

Bon, je te l'avoue, Nico, je suis là, tranquille derrière mon clavier, en train de fanfaronner et de distribuer les leçons et les mauvais points. Je sais, c'est facile. Comme tu nous l'as avoué avec un léger trémolo dans la voix, la fonction présidentielle est difficile. Je trouve même le mot faible. Ce n'est pas un job, c'est un sacerdoce. Et c'est précisément là qu'est l'os hélas...

Ne t'énerve pas, je m'explique. Vois-tu, je suis persuadée que la politique ne doit pas être un job ou une profession. Particulièrement si elle est pratiquée au plus haut niveau. La fonction de "président de la République" relève carrément du sacerdoce. Elle fait appel à la foi et elle doit être attribué à un homme ou une femme possédant une foi chevillée au corps et au coeur. Attention, ne me fais pas dire ce que je n'ai pas écrit, hein ! Il ne s'agit aucunement de religion. Il est question de FOI. Foi en l'humain, en l'autre, en la société, en l'avenir, en des valeurs de civilisation...

On est est loin. Fichtrement loin, même. Oh, ce n'est pas ta faute, Nico ! Tu n'es que le dernier avatar d'une longue tradition de la politique. Peut-être même une caricature. Mais tu es ce que la société a poussé vers l'avant de la scène. Tout ce qui brille attire. Voilà, on a voté pour toi. Et tu es là, ce soir, à nous dire que c'est pas facile et que nous allons déguster. Moins que les autres nations, mais nous dégusterons quand même.

Et moi, je t'écoute. Plus d'une heure et demie. Je ne me suis même pas levée pour me faire une tartine de Nutella. C'est dire si j'ai été attentive à ton laïus, Nico !

Que m'en reste-t-il en fin de compte ? La désagréable sensation que les marges de manoeuvre sont réduites. Qu'il n'y a aucune solution miracle. Que la navigation à vue sera de mise. Que le futur supérieur à un an n'existe plus. Que tu te crois investi de la mission de sauver les français. Toi et ton aplomb. Toi et ta capacité à retomber sur tes pattes comme Java.

Non, je ne suis pas rassurée. Je voudrais avoir confiance, mais je ne le puis en conscience. C'est que je n'ai pas entendu le bon discours. Ton discours était un discours de défense. Une sorte de ligne Maginot datant d'un autre siècle. Notre époque a changé. Déjà ton prédécesseur disait ne plus comprendre la jeunesse. Je ne suis pas certaine que tu comprennes les enjeux de ce qui se prépare. Je ne suis pas persuadée que tu la vois venir, la vague.

On est pourtant pas mal à voir le venir, ce tsunami. Il ne s'appréhende pas avec les recettes du passé. Elles sont sans effet réel. Inopérantes. Il faut changer son prisme, monsieur le Président. La nation a besoin d'autre chose que des mesurettes. Elle a besoin d'un véritable projet de civilisation. Oui. Rien que cela. Les temps changent. Les temps nous ont changés, Nico.

La clé est dans nos têtes. La solution ne se trouvera pas dans un budget. Pas dans une allocation. La solution est forcément spirituelle. Mais je vais arrêter là. Je sais que parler de "spiritualité" est indécent à notre époque matérialiste.

Mes salutations à votre compagne. Fêtez bien la Saint Valentin !

Bon courage pour la suite. On vous regardera à la télé entre un film avec Bruce Willis et le tirage du Loto.

mercredi 4 février 2009

Dites, c'est pour quand la téléportation ?



Oui, m'sieurs dames, je vous le demande instamment : à quand cette téléportation que tous les romans de science-fiction nous promettent ?

Que je puisse me rendre d'un simple claquement de doigt sur cette plage ! Là-bas...

C'est que tout y est : la musique de l'océan, celle du vent et surtout la voix de "mon" Jacques Brel ! Vous pourrez me laisser au moins une éternité sur le sable, face aux rouleaux de l'Atlantique...

Merci donc, cher Olivier, pour les 3'09" de cette vidéo qui complète merveilleusement ton magnifique roman "Harribitxi".

mardi 3 février 2009

Une touche noire, une touche blanche...


Il est noir. Elle est blanche.

Ils composent en live la partition de leurs frêles existences qu'ils ont double accrochées. Faut dire qu'ils s'aiment comme s'ils ne devaient plus jamais se revoir. Le temps a été blackboulé de leur tango. Plus assez de place. Il n'y a plus que lui et elle. Le monde n'est qu'un décor.

D'ailleurs, les autres sont déjà loin. Ils crocodilisent des larmes baignées dans l'acide de leur marigot de haines. Je vois la noirceur et la petitesse de leurs regards cerclés d'oeillères. Cet amour, ils le vomissent. Tour à tour, ils n'ont de cesse de me reprocher de continuer à fréquenter ces pestiférés de la morale. "C'est pour ton bien !" geignent-ils, la bouche en coeur de pierre.

Je me rappelle l'espoir de mes deux amis lors de l'élection du premier président américain métis. Fils d'une blanche et d'un noir. Le blues n'a pourtant pas tardé à rappliquer. C'est que pour les bien-pensants, l'amour ne peut posséder qu'une seule couleur. La leur, forcément.

Du coup, ils sont partis. Sans regrets mais bardés d'un courage que leur entourage n'a pas eu. Je ne sais pas où le sentier de leur amour les conduira. Ils ont promis de m'écrire. On a pleuré lorsqu'on s'est séparés.

Et je reste là, pensive. Je me rappelle les fleurs du jardin de mes parents. Des dizaines de couleurs joliment mêlées. Je me rappelle que l'eau est la même pour tous.

La différence fera la différence. L'amour fera la différence. Ils me l'ont dit avec leurs yeux. Et je les crois, ma foi... ma douce foi...

lundi 2 février 2009

Gandhi


Je viens de lire "Tous les hommes sont frères", véritable autobiographie de Gandhi. Ce livre est beaucoup plus qu'un livre. Il est une passerelle...

Je ne saurais trop vous en recommander la lecture.

dimanche 1 février 2009

Il suffira d'un signe...

Les doutes me lézardent du coeur à la tête. Ils insultent ma foi vacillante. Ils ricanent devant mes pauvres peurs résurgentes. Je les hais et ma haine décuple leur vigueur.

C'est qu'ils attaquent ma clef de voûte, ces déchiqueteurs d'espoirs ! Les voilà qui sapent ma confiance en l'homme. Ils lacèrent mes croyances en une grandeur spirituelle à force d'énumérer les dénis d'humanité d'un pauvre paltoquet paumé dans un monde dont il ne comprend plus rien.

La réalité est dure. Elle cogne un coeur crucifié au bord des larmes. Elle phagocyte. Elle inhibe. Elle déverse sa pitance à ces hyènes hurlantes que sont nos doutes.

Et je reste là, le plexus solaire en pleine éclipse. Paumée au fond de la vallée du chaos. Les idées brouillées, en rade. A quoi bon lutter, si la défaite est programmée. Combattre pour un quelconque honneur, pour d'utopiques principes, pour d'évanescentes croyances, pour des fantomatiques raisons d'exister ? Les forces m'ont désertée. Ma foi est court-circuitée, sapée, ridiculisée. Elle s'évapore sous les coups de boutoir d'une réalité de pacotille dont le sens et la maîtrise m'échappent.

Le monde se présente sous le visage grotesque d'un masque de carnaval. Mi-rigolard, mi-pleurnicheur. Il impose sa vision infime et infirme de la réalité à un peuple de spectateurs lobotomisés. La pièce jouée est celle de notre déchéance. Certains spectateurs hilares se moquent de ces tartufes en lesquels ils ne se reconnaissent même pas. D'autres pleurent, mais assurément pas de rire.

Les poings serrés, les lèvres mordues jusqu'au sang, je suis à deux doigts de céder à une vaine colère de désespoir. Je ne sais plus que faire. Je vais renoncer. Je lève les yeux au ciel, prête à maudire n'importe quel dieu de nous avoir abandonnés. C'est alors que je les vois.

Trois oiseaux. Une vision fugace. Une évidence. Un signe.

Le signe...

Je reprends espoir et ma marche vers ce frère perdu qu'est l'homme.

Il a suffi d'un signe...