samedi 21 février 2009
Vision léonine
La statue séculaire scellée saute soudain de son socle. Le lion libre lape lentement et longuement l'eau lagunaire. Le ventre ventripotent, vaguement vacillant, vraiment vaillant, il va vagabonder et vadrouiller vers vingt vénérables venelles vétustes. Vivre à Venise virginise voluptueusement votre vaine vie. La langue lâchée, le lion lascif et libidineux lorgne la lucarne d'un luxueux lupanar lacustre. Une urgence urinaire unifie un univers utopique à un ultimatum ubuesque. Soulagée, sa seigneurie saigne silencieusement son secret séculaire. Déjà deux ding-dong disent de déguerpir derechef. Lentement, lourdement, le lion livide longe la lagune et ligote sa liberté sur la loge lugubre. Échappée et escapade éternelle en échec. Espoirs d'espaces ébréchés. Étrange Eldorado évanescent d'éternité étouffante. Le lion larmoie et lamente la lagune lépreuse. Mille morts mystérieuses maraudent majestueusement. Ville verrouillée, ville vérolée, ville vestige, Venise veut vivre vaporeusement, voluptueusement, vétustement et vénérablement.
Visiteur, prends grand soin d'écouter l'âme du prince de la cité des Doges rugir au crépuscule dans le silence des clapotis des canaux. Elle te dira qui tu es.
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La neige a recouvert la tête du vieux lion, mais il continue à scruter, impassible, les eaux troubles, pour tenter d'y apercevoir une lueur d'espoir.
RépondreSupprimerEt Ramses a raison.
RépondreSupprimerSortons une bonne fois pour toutes du carnaval, des colifichets " souvenir ", des flots de touriste, de la Mostra et des mannequins, et scrutons dans Venise la rouge tous les bateaux qui bougent...
@ ramses : Ce vieux lion sage sait assurément voir ce qui est invisible aux yeux des mortels...
RépondreSupprimer@ Christophe : Venise vaut effectivement beaucoup plus que le bruit des tiroirs-caisse et que le folklore bigarré qu'on lui associe.
Le lion, égérie biblique de la symbolique tétramorphe, symbole indissociable de Venise, cité riche de retables et de triptyques a s'en damner sempiternellement, la Fenice, et cætera, observe au loin les badauds erratiques, desabusés, voguant sur les douces melodies des flots se heurtant aux bâtisses tout en restant de marbre confronté a cette toile superficielle. Il y a de toute nature probablement un aspect sibyllin a retirer de tout ceci mais j'ai l'odieuse faiblesse de penser que le secret restera à jamais celé. Les auteurs anciens disaient laisser dans leurs oeuvres une certaine part de mystere afin que les générations futures qualifiées de plus savante en tous points puissent les reprendre et s'en inspirer. Les pauvres, le lion peut continuer a scruter l'horizon en attente de la quintessence du plus pur esprit qui ne rayonne sur terre plus que par cycle ...
RépondreSupprimerNB : Votre interprétation d'un lion libidineux lorgnant un lieux de débauche me semble légerement héretique quant sa réelle définition !
@ Louis : Je crois que l'homme a besoin de mystère pour l'aider à s'élever. Je confesse que ce lion s'est un peu pris pour le Casanova des félidés. Vous avez du noter qu'il lui manquait une paire d'ailes sur son dos...
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