Je n'aime pas trop me masturber le cerveau.
Sauf que ce satané café allongé de deux heures, je l'ai toujours en travers de l'esprit. Une camarade de jeux universitaires m'a alpaguée en cette fin d'après-midi de rien du tout. Elle avait le moral en berne et moi une gueule de Saint-Bernard pour le redresser. Je l'ai patiemment écoutée jusqu'à la glaciation totale de mon café. Grosse scoumoune pour mon début de soirée, elle avait dévalisé la petite boutique des malheurs. En prenant grand soin de ne surtout oublier aucune taille. De la petite contrariété à la peine de coeur de la mort. Je sais bien que c'était le premier jour des soldes, mais bon. Quant à moi, j'encaissais. Avec un sourire qui finit vite par se figer pour devenir le rictus du Joker.
Lorsque toutes les misères de son baluchon trop lourd furent exhibées pèle-mêle sur la petite table ronde, je n'ai su envoyer paître ce foutu sentiment de pitié si gênant. J'ai bien essayé de soulager mon amie. Avec mes jolis mots, mes pauvres jolis mots. Ils en ont pris plein dans leur tronche de petites soeurs des pauvres. Ils se sont offusqués, vexés puis barrés. D'autres mots ont alors pris le relais. Les musclés. Les costauds. Ceux qui font mal, ceux qui remuent. Les sanguinaires quoi, ceux qui ne s'embarrassent pas de fioritures. Pas mêmes d'ultimatums. Les mots guerriers, quoi !
Mon amie s'est arrêtée net. Pétrifiée. Interdite, limite bête. Clouée sur la croix de ses malheurs par mes flèches inattendues. Petite rectification, c'étaient carrément des missiles. Elle a encaissé mes coups de boutoir. Secouée, mais pas choquée. Un sourire est même venu lui recomposer un visage à la fin de mon traitement de choc.
La séance du Docteur Christina se conclut sur un : "Tu le crois vraiment, Christina ?"
Oui, ma chère Marie : je le crois. Vraiment.
Je lui ai carrément intimé de prendre sa vie en main. Pas du bout des doigts, hein. A bras le corps, bordel ! A bras le corps. Pas le choix, ma poulette. Plus le choix. Juste celui d'opérer ses choix à elle. Les seuls qui soient vrais. Pas ceux des autres. Pas ceux qu'on pense être les nôtres mais qui ne le sont pas. Sans exagérer, je lui ai administré une trouille qu'elle pourra raconter à ses arrières petits enfants. Je lui ai interdit de baisser les bras à 20 ans. Cela ne se conçoit pas. Pas à 20 ans. Autant se foutre en l'air si l'on ne veut pas dévorer le monde à 20 ans.
Choisis, ma Marie ! Choisis ! C'est ça le plus difficile, c'est juste de choisir ce que l'on veut vraiment au fond de soi. Ce que l'on veut être. Ce que l'on veut faire. De soi et de sa vie. Le reste, ce n'est que de la mise en oeuvre avec de la méthode, du courage, de la chance et de la foi. Mais avant, il te faut juste faire tes choix, Marie. Et là, tu n'as plus, le choix ! Fonce !
Nous nous sommes embrassées sur le trottoir. Chacune est partie de son côté.
Chacun ses choix, j'vous dis. Chacun ses choix...
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Tout ça pour une bête petite dépression post-natale, comme tout un chacun a le devoir d'en avoir, et Marie plus qu'une autre. Un bon Cardhu bien tassé aurait bien suffit comme remède, à cette Marie-là ; et puis ses parents vont jamais vouloir la croire, déjà que son Joseph a des soupçons...
RépondreSupprimer" La gueule de Saint Bernard " ou bien " une gueule de Saint Bernard " ?
RépondreSupprimerJe choisis la première version, auquel cas : " Saint Bernard contre Saint Sébastien "...
(décidément, vous connaissez beaucoup de Marie)
@ 1Passant : mon dieu, mon dieu...
RépondreSupprimerTiens, je ne le connaissais pas le Cardhu !
Allez, je retourne à l'étable...
@ Christophe : tu as raison Christophe ! C'est "une". Je prends mon seau de Tipex et je corrige. Je dois connaitre plus d'une dizaine de marie, sans compter les prénoms composés avec marie. Si je ne rencontre pas Jésus un jour, c'est que je n'ai vraiment pas de chance ! Merci, cher Christophe, d'être si attentif à ma petite prose.
Ayant tendance à avoir le même caractère que toi, j'ai tendance aussi à booster les gens qui sont pas au top.
RépondreSupprimerDes fois ca marche et des fois non, ca dépend de la nature de leurs maux mais aussi de leur caractère.
Si tu as en face de toi qq qui n'est pas de nature combative et crois moi je pense que c'est le cas disons d'au moins 50% des gens, tu auras beau tenir ce genre de discours, il n'y aura pas de changement radical dans l'attitude de la personne.
A la limite, quand bien même tu arrives à mettre un coup de pression (et tu sembles d'ailleurs être plutôt douée en la matière bien que cela me paraisse plus facile de parler que d'écouter), si la personne en face n'a pas les capacités (par elle même) de lever les verrous qui la plombent, au mieux tu lui aura fait prendre conscience de ce qu'elle devrait faire et là après coup l'effort à fournir parait incommensurable (et à l'heure qu'il est ta copine est encore plus mal san s savoir pourquoi) et la renvoie à) sa propre merde.
Bon après l'âge et ton parcours universitaire aidant, tu apprendras certainement à arrondir les angles...
Mais encore une fois sachant que je fonctionne pareil, je ne te juge pas. Cela me fait sourire
a +
Tiens ? On est dans l'action je vois ;-) Idem au sud.
RépondreSupprimerLe Cardhu est un très bon whisky dans une belle bouteille. Je viens d'en offrir une bouteille à Anna d'ailleurs.
anti
Il existent des gens qui ont besoin de coups de pied au cul pour avancer, et heureusement pour eux il se trouve toujours âmes charitables (pas forcément des St Bernard) pour se transformer en apprenti footballeur.
RépondreSupprimer@ Psychocouak
RépondreSupprimerBien d'accord, le plus important, dans la vie, c'est l'écoute... Etre à l'écoute des autres, mais aussi de soi... Arriver à s'extraire pour devenir le spectateur de sa propre existence... Très formateur et plus économique qu'un psy ! Les autres tirent des enseignements de notre propre action, pas dans les conseils qu'on peut leur donner... "Si j'étais toi..." Ben justement, on n'est pas l'autre ! Chacun est unique.
@ Psychocouak : Chacun réagit différemment. Il faut trouver le bon angle d'attaque pour provoquer ce petit déclic qui va d'abord faire réagir puis agir. Il n'y a pas de recette miracle et il faut s'adapter au tempérament, au vécu et à la situation psychologique de la personne. Du grand art, du cousu main, bref il faut faire marcher l'intelligence de son coeur et un peu de malice...
RépondreSupprimer@ Anti : Vous trinquerez alors à ma santé les amies ! Profitez bien de la neige avant qu'elle ne soit complètement fondue !
@ CManu : La vie est un sport d'équipe...
@ ramses : Je suis assez enclin à croire que montrer l'exemple est le plus merveilleux des conseils.
Chère Christina,
RépondreSupprimerVous manquez un peu d'expérience dans certains domaines, je pense...
Un "moral", ça se "remonte"; tout ce qui se "redresse" relève d'autres compétences, qui vont du montreur de serpents en passant par le fisc pour finir par la main qui s'occupe de votre cerveau :)
Hifi Nasse
Au passage, quel bonheur de savoir que vos yeux de velours, Belle de Cadix, caresseront mon commentaire tout au long de votre gestation.
RépondreSupprimerEt merci par avance pour le premier Goncourt ;)
Hifi Gnole
Sympa vos signatures Hifi.
RépondreSupprimerJe viens de voir l'interview de Brel. Question nulle et non avenue donc sur le blog mam'zelle !
anti, quitté !
@ Christina
RépondreSupprimerDans l'interview de Brel, une phrase m'a interpellé :
"Les femmes sont en-dessous de l'Amour qu'on rêve..."
Comment l'interprêtez-vous ?
@ Hifi : vous avez un laser à la place de l'oeil ! Merci, c'est corrigé !
RépondreSupprimer@ Hifi rire : Belle, euh... et trop blonde pour une cadicienne !
@ anti : bien écoutée, bien comprise !
@ ramses : Brel est un romantique, un passionné. Il le proclame mais surtout, il l'est. J'imagine qu'il place l'idée de l'Amour à un niveau que les vicissitudes d'une relation amoureuse vécu au quotidien empêche d'atteindre. La femme lui apparait comme un boulet qui l'empêche de poursuivre sa quête vers ses rêves d'Homme libre. Regardons autour de nous et constatons. Les exceptions n'étant là que pour motiver l'homme et la femme à entreprendre un bout de chemin commun. Désabusée ou lucide ? Aucun des deux.
@ Christina
RépondreSupprimerPlus lucide que désabusée... On va moins vite à deux, mais plus loin...
La liberté ou le partage ? Ce n'est pas aussi binaire. Les gens les plus heureux sont ceux qui donnent aux autres le meilleur d'eux-mêmes, sans rien attendre en retour. L'"homme libre" n'existe pas, c'est au mieux un rêve d'athée... Et quand bien même, à quoi servirait donc cette liberté, sinon à exacerber un égoïsme latent ?
C'est, je crois, une explication du désenchantement actuel.
Ne pas être lié à une seule personne procure généralement plus de possibilités et de disponibilité pour donner plus autour de soi ! Il faut réellement bien choisir son partenaire, au-delà du coup de foudre et de l'attirance générale. Avoir une conception proche de la vie et de ce qu'on en attend est la moindre des choses.
RépondreSupprimerJe ne serai jamais la "chose" d'une personne. Ni sa moitié, ni son coeur. Juste une compagne de vie. Mais pas de "sa" vie. La véritable liberté est de pouvoir aller au bout de ses idées et de ce que l'on croit être juste.
@ Christina
RépondreSupprimerVous n'avez pas encore connu le coup de foudre... Ce jour là, vous oublierez "toujours" et "jamais"... Patience !
@ ramses : Je ne pense pas être "foudroyable" à ce niveau. Je peux me tromper, évidemment. Je ne suis pas certaine que le coup de foudre soit forcément une bonne chose (pour moi s'entend !). J'ai d'autres aspirations. Mais je sais que je ne suis pas à l'abri de cette chose que recherche tant de personnes pour se croire être enfin heureux (ce en quoi je suis vraiment dubitative). Le bonheur est ailleurs. Plus haut. Beaucoup plus haut qu'un coup de foudre avec x ou y.
RépondreSupprimer@ Christina
RépondreSupprimerLes pièges du coup de foudre :
http://www.psychologies.com/article.cfm/article/532/Rencontre-les-pieges-du-coup-de-foudre.htm?id=532&page=2
@ ramses : J'en étais sure ! Le coup de foudre peut rendre malade. A la fois quand il vous atteint, mais également quand il vous quitte. Un truc de ouf, cette maladie là ! Il va falloir que j'en cause à Sardou. Il en fera bien une chanson.
RépondreSupprimer:)