mardi 6 janvier 2009

L'homme assis sur le banc

Dignement assis les bras croisés, l'homme sans âge semble méditer sur le banc vermoulu du vieux kiosque abandonné. Un soleil hivernal illumine son visage d'une paire de lacs vert émeraude, tout en laissant le givre ourler une barbe hirsute. Deux diamants brillants de mille feux se sont échappés, pour dévaler les joues creusées puis se figer à regret à l'orée de la forêt pétrifiée au milieu de laquelle s'est cachée l'entrée souriante d'un gouffre de douleurs et de silences.

L'homme sans domicile fixe vient de trouver son dernier domicile.
Pour l'éternité, cette fois-ci.

19 commentaires:

  1. @ Christophe : Merci Christophe pour ce joli "Comment dire... ?"
    :)

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  2. Vous voulez dire que le Père Noël aux joues bizarrement avinées (couleur rubis, pas émeraude) vient enfin se reposer dans le Formule 1 de Vélizy (oui celui avec la télé en panne silencieuse à jamais) ?

    L'histoire ne dit pas si ses rennes ont fini ou non en cuissots&cuisseaux...

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  3. On dirait presque une photographie...

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  4. @ 1Passant : un raccourci saisissant, ma foi ! Je crois que vous avez confondu les mirettes avec les joues. Je vous suggère de revoir vos cours d'anatomie !
    ;)

    @ unevilleunpoeme : merci ! clic-clac !

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  5. > Christina: Non, j'ai confondu le diamant qui ruisselle et l'émeraude des prunelles, c'est encore pire...

    Mais je maintiens, c'est bien un Père Noël en chômage technique de 11 mois que vous nous décrivez, comme en ce moment les cols bleus chez Renault, Peugeot et Citroën. Et le banc vermoulu n'est autre que le siège de son traineau lui aussi bien fatigué après toutes ces agapes.

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  6. @ 1Passant : ce n'est pas faux à défaut d'être vrai... ou le contraire... quoi qu'il en soit, il est plus que fatigué et plus qu'en chômage technique. Il est carrément out of order, le pauvre homme.

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  7. Chère Christina,

    C'est du mauvais Flaubert, tiré par la barbe !

    On entend trop les pinceaux revêches crisser sur la toile...

    Vous êtes meilleure quand, avec votre mère, vous rendiez visite à votre grand-mère atteinte d'Alzheimer.

    Faites plutôt parler les ocres rouges ou terre de Sienne de votre coeur.

    Sans rancune,

    hifi

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  8. Flaubert ne portait pas (la barbe !).

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  9. Ainsi meurt chaque jour un pauvre hère, dans l'indifférence générale, tandis que d'autres se lamentent sur la chute du CAC40...

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  10. @ hifi : il n'est nulle rancune qui ne puisse tenir lorsqu'on vous aide ! Et c'est précisément le cas. Voyez-vous, cher hifi, je me suis placée toute seule comme une grande face à un dilemme : tenter d'écrire comme une "grande auteure classique" (et là, pas de secret : boulot, travail, sueur, polissage, taillage, révision, etc...) ou m'appuyer sur mon style (si tant est que j'en possède un). Celui de la note "Salope d'Aloïs" par exemple.
    Je reconnais que l'écriture de "L'homme assis sur le banc" a été certes rapide, mais loin d'être jubilatoire. J'avais l'impression de bachoter. Tout juste si je ne sortais pas la langue en pianotant sur le clavier. J'ai bien aimé le résultat dans un premier temps. Puis, au fur et à mesure que je relis ce billet, je lui trouve toutes les imperfections que mon manque de travail n'a pu corriger. Mais surtout, surtout : je n'ai pas l'impression que ce style me représente. C'est une sorte d'imitation approximative, une tentative de jonglerie, un portage d'un masque oppressant.
    J'aimerai bien avoir l'avis d'autres lecteurs. Si vous pouviez me dire quelle note vous préférez (et pourquoi) au niveau purement stylistique :
    - l'homme assis sur le banc
    - salope d'Aloïs
    Cela m'aiderait.Vraiment.
    Je vais construire mon premier roman (voir la note du jour). Je travaille pour l'instant sur le squelette, sur l'histoire en elle-même. La rédaction suivra. J'hésite à lâcher mon style personnel, de peur d'être complètement à côté de la plaque et de ne pouvoir être édité (même si je suis consciente que l'édition d'un premier roman est plus difficile à réaliser que de remporter un Tour de France à l'eau claire).
    Je vous le demanderai donc à la Beatles : "Help me !"

    @ Christophe : c'était peut-être son côté rasoir ?
    ;)

    @ ramses : La vie moderne est devenue un drame, à elle seule. C'est bien là le drame. Et je ne pense pas que nos anciens, moins confortablement installés, aient été plus malheureux. Au contraire. La solidarité, la sociabilité étaient plus développées. Jamais depuis que les sondages existent, le Français ne s'est dit aussi malheureux. Faut voir ce qu'on lui propose comme société... faut voir ce qu'on lui propose comme rêves...
    A vomir.

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  11. Je ne retouve pas le billet "salope d'Aloïs"

    La date ?

    Thanks

    Hifi

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  12. @ hifi : le 12 décembre... il y a déjà une éternité !
    http://leblogdechristina.blogspot.com/2008/12/salope-dalois.html

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  13. Moi j'aime bien le style vif, nerveux, le style raccourci de la pub, le genre Gotainer, le style boxe Thaï qui remue les mirettes, mais j'ai une sainte horreur de la vulgarité, du "casse-toi-gros-con" (sous-jacent dans Aloïs), surtout chez une femme qui ferait du Rambo d'opérette. Vos formules éclair à la San Antonio me plaisent, mais sans violence ni familiarité.

    On résume: de la formule vive, à l'emporte-pièce style pub, et un gros zeste de descriptif, ciselé comme du Sèvres, travaillé comme un Mandala, avec comme constante trame:
    le coeur qui cause, de l'émotionnel, du vécu dans les lignes, du vrai, du ressenti, pas de l'imitation, ça sonne toujours faux !

    En espérant être le tout premier à recevoir le premier baby !

    hifi le génie :)

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  14. L'homme assis sur le banc.

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  15. @ Christina

    "L'homme assis sur le banc", c'est une réflexion profonde, une photographie, comme le dit justement unevilleunpoeme. "Aloïs", c'est un cri...

    Mais rien n'empêche de crier en réflechissant ! Au contraire, ça rompt la monotonie. Et puis, rêver, rire, pleurer, crier, c'est la vraie vie, non ?

    Surtout, restez vous-même et peut-être, un jour, dira t'on de vous, comme Brassens, "Tout est bon chez elle, il n'y a rien à jeter".

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  16. @ hifi le véritable génie : je suis impressionnée par votre capacité d'analyse et de synthèse. Je sens intuitivement que vous êtes dans le juste. Je crois que je vais imprimer votre commentaire et le mettre à côté de mon ordinateur. Sans plaisanter. Vous avez mérité l'un des premiers exemplaires, c'est évident. Je vous préviens juste qu'il ne déboulera pas la semaine prochaine... (heureusement pour lui et pour vous)

    @ Christophe : je l'aurais parié !

    @ ramses : crier et réfléchir en même temps ? Mais vous n'y pensez pas cher ramses, n'oubliez pas que vous avez affaire à une blonde ! Plus sérieusement, je sais qu'on peut le faire mais qu'il faut probablement avoir un peu plus d'étoffe, d'expérience et de vécu. La patine du temps. L'atout de la jeunesse est la spontanéité et la sincérité. Il reste à gommer les maladresses de l'inexpérience.
    Brassens aimait donc la cochonne ?
    ;)

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  17. @ Christina

    Brassens considérait la femme comme son complément direct, une "moitié", comme on dit... Il a vécu un grand Amour avec Gretchen, sa compagne, sans jamais être marié. Amusant, cette référence à la cochonne ! Je n'y avais pas songé, mais après tout, c'était peut-être le sens profond de cette chanson !

    http://www.deezer.com/track/917384

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  18. @ ramses : Je crois que Brassens connaissait bien la "chose humaine" et qu'il voulait nous faire réfléchir sans en avoir l'air en nous peignant ses saynètes chantonnées.

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