dimanche 4 janvier 2009

L'idole pipole

L'idole pipole, c'est du pipeau pour les têtes de gondoles.

Que dire de plus sur ce néologisme français, sinon qu'il est issu du mot français "peuple" via le terme anglo-saxon "people" dont il est directement dérivé. La boucle est bouclée : du pipole pour le peuple.

Au-delà de ce clin d'oeil sémantique, je souhaiterai rapidement exprimer mon sentiment à l'égard de cette tendance "lourde" (vraiment lourde !) de notre société. D'aucuns se contenteront d'en rire et de s'en moquer. Je n'en suis pas. Bien au contraire.

Je suis sincèrement affligée par l'ampleur de cette "pipolisation" de la société. Ne vous méprenez pas, les "pipoles" en eux-mêmes ne m'agacent pas : ils me sont parfaitement indifférents, carrément transparents. Non, je m'insurge plutôt contre la manipulation des masses qu'opère cette "pipolisation". A des desseins éminemment lucratifs et j'irai jusqu'à dire de sous-culturisation, voire d'aculturisation.

Remplaçons donc la célèbre expression du poète satirique latin Juvénal "Panem et circenses" (du pain et des jeux) par sa version moderne : "de la télé et du pipole" !

Quel art consommé que ce conditionnement des cerveaux et des comportements ! Bravo, rutilante société de consommation, bravo : tu est parvenue à entraîner, sans coup férir, des centaines de millions d'êtres doués de pensée et de réflexion à adopter sans rechigner des attitudes de bovidés. Amis boeufs (les vrais), pardonnez-moi d'avoir utilisé cette comparaison éculée !

Chers lecteurs, ne vous méprenez pas pour autant sur l'objet de mon ire. Je conçois que l'on puisse admirer des personnes. Mais pas "ça", pas "autant", pas aussi "systématiquement", pas aussi "facilement". Il y a un problème de mesure qui ne peut pas et qui ne doit pas vous échapper. Et pourtant... et pourtant, cela fonctionne ! De plus en plus et à tous les niveaux.

Je crois en fait que l'homme moderne est paumé. Déboussolé. Sans repères véritables. Il se raccroche à ce qui brille, à ce qui le fait encore rêver, à ce qui le rassure. Parce que, voyez-vous, l'homme moderne n'est pas si heureux que cela. Malgré ses conditions de vie qui n'ont jamais été aussi bonnes depuis la nuit de ses temps. Malgré ses ordinateurs, ses téléphones portables, ses automobiles, ses appareils domestiques, ses habitations modernes et confortables et surtout son espérance de vie qui ne cesse d'augmenter.

C'est que notre homme moderne est carrément malheureux. A quoi bon vivre plus longtemps si l'on a de plus en plus peur. Peur de quoi ? Mais de tout, pardi ! Des maladies (au choix : cancer, sida, hépatites, alzheimer, etc...), du chômage, des crises (toujours au choix : économique, financière, écologique, etc...), des conflits (encore au choix : terrorisme, guerres religieuses, guerres économiques, guerres de ressources, etc...), de la solitude (allez, au choix : veuvage, séparation, célibat non désiré, etc...) sans oublier une belle et magnifique dernière peur : celle de ne pas être à la hauteur ! A tous les niveaux : professionnel (pression pour développer une productivité nécessitée par la concurrence exacerbée), sentimental (facilité des séparations et des tentations) et personnel (importance du paraître et de l'avoir vis-à-vis de ses collègues, relations, amis, proches).

Bref, il a la tête bien maintenue dans le sac et dans le guidon, notre brave homme moderne. Juste bon à produire et à consommer. De la bonne bête. Bien disciplinée. Bien conditionnée. Mais surtout bien malheureuse et bien paumée.

Vous allez peut-être me dire que j'exagère. Dites-le, si vous le souhaitez. Pensez-le, même. Mais réfléchissez-y honnêtement. Intérieurement. Courageusement.

Je suis peut-être à côté de la plaque. Je suis peut-être outrancière. Probablement que toute cette pipolisation de la société n'est là que pour nous distraire. Vraisemblablement qu'il est plus facile d'ingurgiter ses 3 heures quotidiennes de télévision au lieu de lire ou tout simplement de méditer. C'est qu'on est harassé après une dure journée de labourage... pardon... de labeur. Et de stress. Ce fameux stress. Cette société dans laquelle on a de plus en plus de mal à se situer.

La boucle se boucle d'elle-même. C'est un jeu de dupe. L'échappatoire est en soi. En sa capacité à redécouvrir, voire découvrir sa richesse intérieure. Elle est inimaginable. Votre imagination est une goutte d'eau dans l'océan de votre richesse intérieure.

Qu'attendez-vous donc pour vous y plonger ? Qu'un pipole vous montre le chemin ?

Et ne me demandez surtout pas qui est le père de la fille de Rachida Dati.

16 commentaires:

  1. " Pipole : n'est-ce point la contraction-gallicisme entre " pipe " d'une part et " paupaul " ou " popol " d'autre part ? "

    (question apocryphe de Monica Lewinsky, ex stagiaireà la maison Blanche - bientôt onze ans !)

    Le père de la fille de Rachida Tati ? Mais c'est chacun de nous, non ?

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  2. @ Christophe : MDR (non, ce n'est pas la maison de retraite) ! Je proteste juste avec véhémence contre ta seconde assertion : non, je ne suis pas le père de la fille de la ministre. Que cette rumeur cesse à l'instant ! Non mais !

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  3. J'ai attéri par hasard sur votre blog, via celui de Christophe Borhen, lui-même signalé chez Maître Eolas...

    Vos réflexions m'enchantent, persévérez surtout... Une jeune femme de 20 ans qui sait écrire intelligemment autrement qu'en langage SMS, ça ne court pas les rues !

    Banalement, mais sincèrement, je vous souhaite une merveilleuse année 2009 !

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  4. @ ramses : Merci ramses d'avoir visité ce blog, d'avoir lu cette note et surtout d'avoir écrit ce commentaire qui me conforte dans ma volonté de poursuivre mon petit combat avec mes modestes moyens. L'important n'est pas tant le moyen de combattre que le fait de combattre...

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  5. Une question me taraude l'esprit depuis que je vous fréquente ;-)

    Quand à 20 ans, on cite Christophe, OK, quand on mentionne A.Souchon, passe encore, mais quand on cite S.Reggiani, l'équivalent de Ramses II pour les jeunes d'aujourd'hui, je me dis "cette fille-là" (sic), elle joue la coquette, et elle cache son âge ! Warum ?

    Je fréquente les 18-20, le copier-coller est leur référent culturel, je ne cite jamais Pascal, parce qu'on me répond Sevran...j'évite même de prononcer son prénom Blaise, ça part dans tous les sens !!

    Who are you ?

    Putain de bonne question !

    hifi

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  6. @ hifi : ne laissez pas votre esprit être trop taraudé ! Il dit avoir plein de sujets moult fois plus intéressantes à disséquer ! Je conçois que ma culture musicale n'est pas vraiment représentative de ma tranche d'âge. C'est indéniable. Elle est très large et réussit l'exploit de relier Mozart à Abd al Malik (quoi que cela ne soit pas tant un exploit que cela, réflexion faite...). Depuis ma prime enfance, j'ai baigné dans la musique qu'écoute mes parents : la variété française des années 60 à 80 ! Mes oreilles et surtout mon goût musical s'en sont emparés. Et me voici donc capable de vous parler de Reggiani, d'Enrico Macias, de Brel, d'Adamo, d'Aznavour et de tout plein de chanteurs dont le nom est à peine connu par mes certains de mes amis.
    Vous devriez quand même citer le Blaise...
    Les adolescents ont beaucoup à apprendre d'un Pascal. Surtout les adolescents.
    Mais comme pour beaucoup de domaines, c'est un âge qui est vécu grandement en fonction de l'éducation que les parents ont voulu, su et pu transmettre. Et là, je peux vous garantir une sacrée diversité, au-delà des apparences de cette normalité recherchée par les adolescents qui ne souhaitent pas se dissocier du groupe ou du clan.

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  7. Bon j'ai lu sur un blog que tu comptais éventuellement arrêter le tien, c'est d'ailleurs comme ca que je l'ai découvert (le tien, tu me suis...).
    Tout ca pour dire que je le trouve sympa. J'aime beaucoup ton style que je n'arrive pas à qualifer... En tout cas je te trouve touchante, drôle, désabusée et finalement plutôt vivante.
    J'ai 10 ans de plus que toi, fais les mêmes constats et ai les mêmes révoltes..Alors pour répondre à l'une de tes notes oui sauvons le monde...maintenant que la star ac est finie...

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  8. @ Psychocouak : Merci pour tes commentaires dont j'apprécie la pertinence. Moi-même, je n'arrive pas à qualifier mon style. Je ne sais même pas si j'ai un style, puisque mon écriture fluctue au gré de mes humeurs. Et Dieu sait comme elles savent varier, les bougresses !
    Garde ta capacité de révolte; elle sous-tend ta capacité d'être pleinement vivante et non pas formatée par une vie qui te soit trop imposée.

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  9. Encore un article qui me parle... Complètement d'accord sur le fond évidemment. Je vais être o-bli-gée de mettre un lien vers ton blog sur mon mien !!
    Plus sérieusement...
    Ce que j'apprécie chez toi c'est que tu as la révolte crédible et cohérente. Parce que des blogs qui accusent, qui lapident les travers de nos petites vies, il y en a plétore. Mais on tombe vite dans l'exagération et la caricature. Et ça, pour moi, ça fait perdre toute crédibilité et légitimité aux auteurs qui n'apparaisse plus que comme des illuminés frustrés. Je trouve chez toi (tes articles) une logique implacable qui reste juste tout du long. Ce n'est pas aussi facile que cela en a l'air alors, chapeau !

    NB : je pense à un blog particulièrement qui tombe dans la caricature "l'horreur est humaine" jetes y un oeil à l'occaz' tu comprendras surement mon point de vue sur les-dits illuminés.

    Sur ce, bonne journée :)

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  10. @ BloodyPeste (j'adore ton pseudo) : Merci pour cette avalanche de compliments que je sais sincères. Au lieu de m'ensevelir sous un ego repu, ils me confortent dans mon intention. Je ne suis pas là pour accuser, pour dénoncer ou pour stigmatiser. Non. Je pense que beaucoup de personnes sont suffisamment intelligentes et lucides pour comprendre vers ou va le monde et la société en particulier. Ce qui me motive, c'est le minuscule plus que je peux apporter, comme tout un chacun, pour nous sortir de cette impasse. J'ai es petites armes. Cela passe par mes engagements associatifs. Par ce petit blog. Par ce livre dont je viens de commencer la construction. Rien n'est inutile. La moindre pensée positive et constructive sera déterminante quelque part. Merci de ta visite ! Promis j'irai plus longtemps sur ton magnifique site !!!

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  11. On m'avait recommandé des adresses d'atelier de lecture à l'époque ou "j'essayais" de sortir qq chose
    Si tu veux des adresses, n'hésite pas, ce genre d'échanges est tjrs enrichissant lorsque l'on veut écrire

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  12. @ psychocouak : Plusieurs personnes m'ont incitée à m'inscrire à des ateliers d'écriture. J'ai toujours refusé. Même pas par fierté. Pas même par orgueil. Juste une envie de me construire un "style" toute seule, comme une grande. Etre le moins influencée possible. Je conçois parfaitement que ma démarche n'est pas logique. Je sais qu'elle est presque puérile. Mais je suis têtue comme une mule. Non, pire qu'une mule...
    Merci quand même pour l'idée qui reste bonne...

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  13. Hey, je te signale que je ne pose pas des commentaires ici juste pour que tu visites mon site !
    J'en suis pas encore réduite à ça...Pas encore ;)
    Je suis de ton avis pour les ateliers d'écriture, quand je vois les différences de point de vue des cadors des sites littéraires où je pose mes textes, je préfère continuer à polléniser à d'autre et à gauche. Avoir des avis c'est bien, mais savoir les ignorer parfois c'est pas mal non plus.

    Tschussss

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  14. @ Betty Blood : "Hey, je te signale que je ne pose pas des commentaires ici juste pour que tu visites mon site !" : je le sais bien, Betty ! Mais j'y suis allée entre deux urgences et j'y ai vu de si belles choses que je me suis promise de prendre le temps d'y fureter et d'y récolter un peu de nectar.
    Christina, l'abeille. Bzzz !!!! Bzzz !!!

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  15. Sur le principe je suis plutôt d'accord avec toi mais tu peux l'aborder de manière différente, ie simplement d'avoir des avis et des points de vue un peu différent qui viennent enrichir ta démarche sans forcément la déformer. D'ailleur du peu que je connais de toi, je n'ai pas le sentiment que tu changeras radicalement de style, même si tu l'affines ici et là. Bon disons que ca peut aussi te permettre de sentir seuleface a ce qui peut représenter une montagne. uen petite bouffée d'ox quoi !

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  16. @ Psychocouak : Je suis d'une psychorigidité paradoxale, car à géométrie variable. J'enregistre toujours les avis. Ils viennent alimenter et enrichir ma petite tambouille. Pas l'influencer, mais bien l'enrichir. Enfin, c'est ce qu'il me plait à penser... hum...
    Comme pour tout un chacun, je suis toujours "under construction" !

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