samedi 10 janvier 2009

Un soir à la Fenice

On a tous un rêve. Souvent on l'ignore. Et encore plus souvent on ne le connaît fichtrement pas. Pire, on a renoncé à le chercher.

Je ne vous parle même pas d'un rêve inaccessible. Celui-là, je le laisse aux rêveurs. Les doux et les fous. Non, je pense à ces rêves qui savent vous maintenir accrocs à la vie. Vous voyez, ces rêves qui tutoient le champ de nos possibles. Ceux qui flirtent avec notre réalité. Ces rêves qui vous chuchotent des choses douces au creux de l'oreille et de la nuit. Ces rêves, pour lesquels on n'aurait qu'à lancer un tonitruant : "Chiche !"

Quelques heureuses personnes en ont une malle pleine. Cependant, la plupart des gens ne croient pas en posséder. Ceux-là ont tort; il leur faut juste oser aller chercher en eux. Et ils en trouveront. Au moins un. Même un tout petit pour commencer... bien que la taille du rêve importe peu, en fait.

L'un des miens, car j'ai le sentiment d'appartenir à la première catégorie, est de partir assister à une représentation de la Traviata de Verdi à la Fenice. Vous voyez, ce n'est pas le Pérou. Ce n'est même pas l'Amérique. Mais c'est mon Amérique à moi (madeleine brélienne).

Car voyez-vous, je suis tombée follement amoureuse. D'une ville qui est bien plus qu'une ville. Beaucoup plus qu'un mythe. Cette ville unique est un révélateur d'âme. Pas moins. Et certainement plus. Vous l'aviez deviné, je rêve de Venise. Pas comme une touriste. Pas comme une voyageuse. Juste comme une évidence. Celle de retrouver une patrie que je connais mal mais qui est malgré tout mienne.

J'ai eu le bonheur inaliénable d'y séjourner quelques jours. Pas au milieu des pigeons. Non. Dans la Venise secrète. Dans la Venise de la nuit. Dans la Venise hors saison. Quelques jours amplement suffisants pour en tomber éperdument amoureuse. Comme le souvenir d'une vie passée. Antérieure, mais toujours présente en moi.

Alors oui, assister un soir à une représentation de la Traviata au théâtre de la Fenice, je peux vous assurer que cela sera et restera un grand moment de ma vie.

Je pense qu'il faut avoir envie de connaître des grands moments dans sa vie. Il faut n'avoir de cesse que de les rechercher. L'homme n'est pas fait pour le train-train ad vitam eternam. L'homme n'est pas fait pour attendre passivement la camarde. La vie est plus grande. La vie offre plus. La vie sait être généreuse. La vie a plus de choses à raconter. Des choses plus grandes. Plus fortes. Plus hautes.

Et vous alors, quelle est votre Traviata ?

20 commentaires:

  1. " La Pompadour : Et vous venez d'où ?
    Casanova : De Venise.
    La Pompadour : Ah, vous venez de là-bas ?
    Casanova : Venise n'est pas là-bas, Madame, mais là-haut... "

    Casanova cité par Philippe Sollers (entre autres) dans son fabuleux " Dictionnaire amoureux de Venise ".

    La Fenice ? J'y écouterais et verrais plutôt Mozart, par exemple dans " Don Giovanni " ; quant à Verdi, on pourra toujours le " produire " à Bercy ou au Stade de France.

    Allez, musique !

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  2. @ Christophe : Merci pour l'extrait sollersien ! Don Giovanni, bien sûr. Forcément. Mais la Traviata me touche comme aucun autre opéra. Cette oeuvre est liée à un évènement personnel. Et je peux te garantir que je suis carrément heureuse que ce ne soit pas "le petit bonhomme en mousse" de Patrick Sébastien.

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  3. Argh ! "La Traviata" ET "Venise" !!! Tu le fais exprès ! C'est un de mes rêves aussi. Je suis tombée amoureuse au premier regard. Je me suis même écroulée en larmes tellement c'était beau. Beau ? Y'a quoi d'autre comme mots pour exprimer ce que j'ai ressenti alors ? Et puis, je suis aussi tombée dans la lagune sur la place St Marc, à côté du palais des Dodge, sauvée par un bel italien... le film sauf pour l'odeur, la vase, ça sent pas très bon faut avouer.

    Pour la Traviata, tu peux te regaler et voir ça, si tu ne connais pas déjà, tu vas te régaler :

    http://fr.youtube.com/watch?v=zRvNL-A9gGs

    Tous les extraits sont géniaux car les chanteurs sont géniaux. Je l'ai en DVD, une pure merveille.

    Pour la Traviata ET Venise, une visite s'impose sur le blog de Antiochus :
    http://www.antiochus.org/categorie-10091377.html

    A pluch '

    anti, Addio del pasato

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  4. @ antipasti : Le beau fédère (et le laid nadal ?). Je vais plonger (hélas (ou pas) pas dans la lagune...) mais dans tes liens. Curieusement, j'ai adoré l'odeur de la lagune. J'te jure que je n'étais pas enrhumée. J'te jure que je n'avais rien sniffé avant. Bref, je suis comme un poisson dans cette cité. J'veux y retourner !!! Merci encore pour "Antiochus" !
    Christina, tête dans la gondole...

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  5. @ Christina

    Comme le dit Christophe, Philippe Sollers est un passionné de Venise. Il y retourne chaque année pour y écrire et presque chacun de ses romans évoque ce lieu magique. Pour ma part, j'y suis allé 4 fois. Je me souviens d'un carnaval (en février), où l'on se pressait aux fenêtres du Café Florian, pour admirer les plus beaux costumes brodés d'or. C'est une ambiance étrange, que la brume et l'air vif contribuent à rendre fantamagorique.
    Quelque chose d'inoubliable, où l'espace-temps n'a plus la même dimension.

    Chaque sestiere (quartier) a un sens:
    Cannaregio: Le Goût
    Santa Croce: L'Odorat
    Dorsoduro: L'Ouïe
    San Polo: La Vue
    Castello: Le Toucher
    San Marco: La Pensée

    Un beau lien sur le Carnaval :

    http://www.venise1.com/carnaval-de-venise-1697.html

    La Traviata sera présentée en septembre à la Fenice :

    http://www.teatrolafenice.it/

    Cliquer sur "Dépliant 2009"

    @ anti

    Merci du lien "Antiochus", les photos sont sublimes, particulièrement page 3, celle du pont du quartier de l'Arsenal, en miroir avec l'eau du canal.

    Beaux rêves et bon week-end à tous !

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  6. Ca fait très cliché mais c'est mignon comme péché !

    Pour le coup je serais plutôt Rigoletto...

    A bientôt

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  7. Eh ben, le voilà ton décor pour ton roman !

    Tu rajoutes les masques ambigus et magnifiques du Carnaval, t'as de quoi manipuler le pinceau du descriptif, tu t'éclates avec les couleurs bigarées des masques et les clair-obscur des couchers de soleil, tu peux nouer l'intrigue, développer le mystérieux, le sublime et le sordide, t'as tout ( ton thé t'a-t-il ôter ta toux ? ça , c'est pour "Anti" pour pas qu'elle déprime ).

    Et pis derrière le masque, y'a pas celle qu'on croit, qui est peut-être celui qu'on croit sans être celui qu'on pense ! You see ( à métaux...pour Anti)

    Moi, ma Traviatta, c'est "La Flûte Enchantée" à l'Opéra de Vienne, avec ma Reine de la Nuit qui doit m'attendre quelque part d'ailleurs.

    Bon, on va bientôt programmer tout ça.

    Hifi

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  8. Hifi ? T'es aussi... comment dire... euh... hum... chtarbé ? que notre hôtesse ! Mdrrrr !

    Pour la reine de la nuit, euh... elle n'est pas très cool comme bonn'femme. Méfiance m'sieur !

    Pour l'odeur de la lagune, c'est une chose de la sentir en se baladant et celle de la vase verdâtre collée sur ta p'tite robe de midinette mdrrr au resto, une autre j't'assure.

    Bon, ben de vous lire, vous me donnez envie de retourner voir les photos de Antiochus !

    C'est parti !

    anti pasti , homéossi !

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  9. @ ramses : Vous voyez, vous en êtes aussi amoureux de cette ville à nulle autre pareille. Mais comment ne pas l'être ? Je crois que je vais téléphoner à Sollers pour qu'il me mette dans ses bagages la prochaine fois...

    Psychocouak : Je suis très "cliché", c'est à la fois mon côté rigoletto... euh rigolo... et bon enfant. Nul doute que mes goûts évolueront au fil de la vie. Rien n'hifigé, comme dirait l'ami hifi...

    @ Hifisuscité : Flûte, un autrichien avec une escalope coincée dans le masque ! Rigoletto, la Flûte enchantée, la Traviatta, que du lourd sur ce blog ! Pas même un petit opéra à 3 sous ? Nan, que du lourd, j'vous dis. Tu me sembles maitriser le subtil langage antinien. Bravo ! Curieusement, assister au carnaval à Venise ne m'est pas une irrépressible envie. Trop de monde. Trop de masques. Trop de conventions.

    @ antizen : Je ne laisserai personne usurper mon titre de reine chtarbée ! Même hifi déguisé en donzelle. Je reconnais que l'odeur de la lagune n'a charmé que mes sens olfactifs. Aucunement mes habits. Il faudra que j'essaye, mais pas en hiver. Je suis gondolée rien qu'en imaginant ton épisode ! Vous voilà bénites, toi et ta p'tite robe de midinette !

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  10. Sur les conseils d'anti, je suis venu ici ... pour lire tes propos sur Venise !... "juste comme une évidence", dis-tu ? c'est ce que j'ai ressenti le jour de mon premier voyage dans cette cité aux merveilles ... je me suis senti "reconnu" et plus rien n'a été pareil ! depuis j'y suis retourné, comme en pélérinage ... un pélerinage qui aurait pour objet la Beauté, le Rêve et qui, en même temps aurait le goût du familier, du retour chez soi ! Bref, je suis amoureux aussi ... Envoûté en fait ! C'est lors de mon dernier (en date) voyage en 2006 que j'ai fait les photos que tu as pu voir sur le blog ... Merci, Christina d'avoir distingué une de mes photos préférée ( (je n'ai pas vu Traviata à la Fenice mais Le Trouvère du même Verdi )
    à bientôt,
    Antiochus

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  11. Le Trouvère ! Rien que ça ! Eh bé... On organise une tournée là-bas tous ensemble Christina ?

    anti, voyage, voyage !

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  12. @ Antiochus : Merci d'être venu dans cette zone improbable. Qu'est-ce que c'est beau chez toi ! On en prend plein les mirettes ! C'est curieux (en fait pas tant que cela) comme Venise opère la même magie auprès de ses visiteurs les plus fidèles. Cette ville est un pont avec l'âme, par delà une mort omniprésente. Ahhhh le Trouvère... soupir...
    Je n'en peux plus d'attendre....

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  13. @ anti : Je te préviens Anti, ce ne sera pas moi qui chanterai "o sole mio" debout sur la gondole ! (des fois que je me prenne un pont sur l'arrière du crane, n'ayant pas été prévenue par une anti tout occupée à parfumer sa robe vénitienne d'une magnifique eau saumâtre !). Hôtel Cipriani, prépare tes grooms les plus zen ! Les folles débarquent dans la cité des Doges...

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  14. J'ai un faible pour le Danieli si ça ne te dérange pas ;-)


    http://venice.theperfecthotels.com/productos/HOTEL_VENECIA_DANIELI_8.jpg

    anti, rock around the gondole !

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  15. @ anti : Itou, mais j'ai déjà téléphoné au Danieli et ils ne veulent plus me revoir. Suite à la dernière fois. J't'expliquerai...

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  16. Merci du compliment Christina "Un pont avec l'âme" oui, ça me va ... il y aurait beaucoup à dire sur la qualité spirituelle de la sérénissime ... la beauté omniprésente nous rend meilleurs... si c'est encore possible... (je plaisante!)
    Puisque L'opéra Le Trouvère semble t'intéresser, toi et Anti ... que j'avais prévu d'en parler ... et que c'est un de mes cinq opéras préférés, je vais m'exécuter dès que possible ! à bientôt,
    Antiochus

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  17. @ Christina

    Suivre Sollers à Venise ? Il est assez facétieux, vous savez ? Avez-vous lu "Portrait du joueur" ?

    Interdite de Danieli ? Ca devait être assez grave, car ils sont coutumiers des extravagances... Racontez-nous, je brûle de savoir !

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  18. "Puisque L'opéra Le Trouvère semble t'intéresser, toi et Anti ... que j'avais prévu d'en parler ... "

    Trop bien ! Tu parles ! C'est effectivement l'un des plus beaux ! J'ajoute Faust aussi de Gounod et Wagner aussi, Parcifal, en plus de la Traviata.

    En plus, on a parlé de Venise une bonne partie de l'après-midi avec un des fistons de Anna qui en rentrait justement.

    A ma question : On découvre Venise comme on tombe amoureux n'est-ce pas ? Réponse avec émotion : OUI !

    Bref, on organise les prochaines virées en Italie !

    anti, liliclub allegretto ma non troppo !

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  19. @ Antiochus : Merci par avance ! A ma mort, j'aimerai être transformée en statue sur une petite place du Dorsoduro. Vous éviterez tous d'y apposer vos graffitis ! Merci...

    @ ramses : Je confesse piteusement que je n'ai lu aucun Sollers. Mais je pense aller acheter son dictionnaire amoureux. Rien que pour me donner encore plus envie d'aller "doger".
    Pour ce qui est du Danieli, c'était une blague; je n'ai hélas pas les moyens d'aller trainer mes guêtres dans ce palace. Ou alors, il faudrait que j'aille y prendre un drink. Tiens, bonne idée...

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  20. @ antiliena : J'ai découvert l'Italie l'année dernière. Un mois complet. Une vingtaine de villes, une vingtaine de coups de foudre ! J'ai bouffé des musées, dévorés des trattorias, englouti des sites, cannibalisé toute l'âme de la botte et du ballon qu'est la Sicile. Je rêverais de travailler à Rome et de prendre ma retraite à Venise dans un petit palais bien décati.

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