samedi 20 décembre 2008

Derniers mots d'une victime à l'agonie

Je m'épuise. Ils m'ont tous pensé mort. Tous. D'abord celui qui a cru m'avoir ôté la vie; puis tous ceux qui ont vendu tour à tour ma carcasse. Je ne sais par quel miracle je vis encore. Mon corps est littéralement exposé chez une famille de quatre personnes. Il m'ont habillé comme pour aller au carnaval. Je dois être chez des fous.

Des fous sadiques. Ils n'arrêtent pas de sourire en voyant mon corps qui se dessèche. J'ai peur qu'ils ne me brûlent avec leur briquet. Je ne sais plus depuis combien de jours ils me détiennent. Je ne sais même pas ce qu'ils veulent faire de mon cadavre. Mon corps s'affaisse jour après jour. Je ne tiendrai plus longtemps. Mon chez-moi me manque. Mes frères me manquent. J'espère qu'ils n'ont pas été pris dans la rafle.

L'autre jour, j'ai cru comprendre qu'un grand jour allait arriver. Je redoute quelque chose. Je ne sais quoi. Un mauvais pressentiment.

J'ai soif. Je vais mourir, c'est certain. Mais je le suis déjà pour eux. Et cela ne les dérangent pas. J'ai l'intuition que ces gens qui me sourient ont commandité mon exécution. Des sadiques. C'est sûr. Des monstres.

Pas plus tard que hier, j'ai entendu l'homme prononcer ces terribles mots à sa femme, tout en désignant mon corps inerte : "Après les fêtes, on le cramera avec ceux des voisins. Cela fera un beau feu de joie ! Les enfants adoreront !". C'est le coup de grâce. Le feu : ma terreur entre toutes ! Je n'en peux plus. Ma vie s'étiole. Je ne peux plus lutter. Je ne veux plus lutter. Je ne saurai jamais pourquoi ils m'ont tué, moi qui ne demandais qu'à vivre. Moi qui n'ai jamais fait de mal à quiconque. Je n'aurai même pas atteint mes 10 ans. Ma vie aura été trop courte. Ma mort est absurde. Cruelle. Injuste.

Si c'est ainsi que les hommes sont, si c'est ainsi que les hommes vivent, je serai malgré tout heureux de mourir sans en avoir été un.

PS : N'enguirlandez pas l'auteur de ce billet, elle aurait trop les boules.

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