vendredi 19 décembre 2008

La main dans le pôt de miel

Une dépêche de l'AFP datée de cette semaine m'a provoqué un fou rire vraiment déplacé. C'est qu'il n'y a vraiment pas de quoi. Il y est question de corruption. Internationale qui plus est. Mais bon, on est quand même à l'heure de la mondialisation. De la globalisation, quoi. Il ne faut pas être mesquin. En-dessous d'un milliard (d'euros ou de dollar, c'est comme tu veux), tu n'es qu'un petit branleur. En l'occurrence, ce ne fut pas le cas.

Corruption, je vous dis. Et pas par une boite fantôme. Par Siemens. Oui, Siemens ! Rassurez-vous, votre frigo ou votre aspirateur n'y sont pour rien. Je vous livre en pâture cette dépêche de l'AFP et, si vous le voulez, on se revoit juste après votre lecture.


Corruption: en payant environ 1 milliard d'euros, Siemens limite la casse

"BERLIN (AFP) — Le conglomérat allemand Siemens a limité la casse en acceptant lundi de payer environ un milliard d'euros à la justice allemande et américaine, tournant ainsi la page d'un scandale de corruption qui aurait pu lui coûter bien plus cher.

Tout à son soulagement, le patron du groupe Peter Löscher s'est dit "heureux et soulagé (d'avoir) atteint ce résultat fantastique en un temps record. C'est le plus beau des cadeaux de Noël", selon une interview à l'édition internet du quotidien Bild.

Huit cents millions de dollars, soit 620 millions d'euros selon la conversion réalisée par Siemens, c'est ce qu'ont réclamé l'autorité boursière américaine (SEC) et le ministère américain de la Justice pour passer l'éponge hors tribunal sur une affaire de pots-de-vin sans précédent.

Coté à la Bourse de New York, Siemens, qui fabrique aussi bien des trains que des centrales électriques, est en effet soumis à la juridiction américaine.

Selon les autorités américaines, Siemens avait utilisé diverses caisses noires et transporté des valises pleines de billets pour rémunérer des responsables susceptibles de lui obtenir des contrats en Argentine, au Bangladesh, en Irak et au Venezuela.

"Il et clair que pour nombre d'opérations (de Siemens) à travers la planète, la corruption était rien moins qu'une procédure de routine", a assuré le ministre de la justice adjoint américain, Matthew Friedrich, dans un communiqué.

L'enquête s'est déjà intéressée au comportement de 300 personnes, et les autorités n'ont pas exclu de s'en prendre à des dirigeants du conglomérat allemand.

"L'enquête continue", s'est borné à répondre M. Friedrich à des journalistes l'interrogeant sur d'éventuelles inculpations, en précisant qu'il n'était pas rare qu'une personne morale soit poursuivie avant que des individus soient directement visés.

Une responsable de la SEC, Linda Chatman Thomsen, a précisé que les pratiques de corruption de Siemens étaient "sans précédent en termes d'étendue géographique".

Pour solder l'affaire, le groupe allemand a décidé de nommer un "observateur éthique" chargé d'informer régulièrement les Etats-Unis: Theo Waigel, ministre des Finances d'Helmut Kohl entre 1989 et 1998.

Siemens va aussi payer 395 millions d'euros à la justice allemande pour "contrôle de gestion insuffisant".

La provision de 1 milliard d'euros déjà constituée par le conglomérat centenaire pour couvrir les sanctions va donc suffire.

S'y ajoutent 2,5 milliards d'euros déjà dépensés, notamment pour régler d'autres amendes.

"Siemens referme un chapitre douloureux de son histoire" a commenté le président du conseil de surveillance, organe de contrôle du groupe, Gerhard Cromme.

Depuis deux ans, le groupe aux 430.000 salariés ne vivait qu'au rythme des démissions fracassantes de dirigeants et des révélations sur des pots-de-vin.

Jusqu'ici, le montant des caisses noires est estimé à 1,3 milliard d'euros.

Le scandale aurait pu coûter beaucoup plus cher à Siemens: les spéculations allaient bon train sur une amende de plusieurs milliards d'euros de la part de la seule SEC.

Le groupe aurait aussi pu être banni des procédures d'appel d'offres aux Etats-Unis, au moment où la prochaine administration veut lancer des programmes géants d'investissement.

Le syndicat IG Metall s'est fendu d'un hommage à MM. Cromme et Löscher: "ils ont notre confiance et notre soutien", a dit lundi le dirigeant de la centrale, Berthold Huber.

Mission accomplie donc pour l'Autrichien Peter Löscher, en poste depuis un an et demi avec pour première préoccupation de tirer un trait sur le scandale, non sans casse sociale puisque 16.000 emplois ont été supprimés.

Mais le groupe de Munich entend encore réclamer des dommages-intérêts à son ancienne direction et surtout à son ancien patron Heinrich von Pierer, autrefois conseiller d'Angela Merkel."

Désolée pour la longueur de cette dépêche. Surtout que je souhaitais juste attirer votre attention sur un passage qui se situe tout au début (la garce !). Celui qui, précisément, a déclenché mon hilarité. Il tient dans la déclaration du patron de ce groupe. Je vous la rappelle pour vous éviter d'avoir à la rechercher :
Peter Löscher s'est dit "heureux et soulagé (d'avoir) atteint ce résultat fantastique en un temps record. C'est le plus beau des cadeaux de Noël"
La question qui se pose : sabreront-ils le champagne ?
Ce résultat "fantastique"...

C'est le plus beau cadeau de Noël...
Tsss !!! Profil bas, Monsieur. Profil bas...

Dans quel monde vit-on ? Je n'ose regarder la réponse.

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