dimanche 14 décembre 2008

Que sera, sera

Perdu ! Et bien non, cette note ne "que sera, sera" pas consacrée à ce remarquable film du grand Alfred (Hitchcock of course) qu'est "L'homme qui en savait trop", dans lequel la blondissime Doris Day entonne avec vigueur et (dés)espoir cette chanson afin d'attirer l'attention du flegmatissime James Stewart (là, je viens d'étaler toute ma confiture sur mon quignon de pain rassis).

Bon, je vous le concède, ce titre est malgré tout allusif à la chanson phare de ce chef-d'oeuvre du 7ème art. Il symbolise une réponse facile à une question difficile. Vous voilà bien avancés, m'objecterez-vous. La Sibylle n'aurait pas fait mieux (ou pire).

La question - les plus perspicaces ou les plus cinéphiles l'auront deviné - peut finalement se formuler de la sorte : "Que ou qui serai-je quand je serai grand(e) ?". Pour cette note, je transformerai la question en : "Quel métier ferai-je quand je serai adulte ?"

Parce que, mine de rien, j'ai assez de balais pour ouvrir une ch'tite droguerie de quartier. Vingt ans, c'est plus que l'âge de raison, c'est le billet d'aller sans retour pour ce magnifique pays qu'est "Adultland". Une contrée magique où tous les coups sont permis. Tous. Hélas.

Et moi dans tout cela ? Que vais-je faire de tout ce temps que sera ma vie (non, je ne porte pas de cravate à pois !) ? Bah je crois qu'un petit flashback de derrière les fagots s'impose...

J'ai 8 ans (je sais que c'est pas vrai, mais j'ai 8 ans !). Je ne veux rien devenir puisque je ne me suis jamais posée de question sur une quelconque vocation. Je joue. Je pleure. Je ris. Souvent les trois en même temps. Un jour, une grande personne (vous savez, celles qui disent des choses graves et celles qui rigolent quand elles ont bu des liquides plus rouges que transparents) me demande sans coup férir : "Et toi, Christina, que veux-tu faire quand tu seras grande ?". Etonnement. Silence. Embarras. Réponse : "Bah, la même chose, mais en plus grand !". Le soir même, j'en discute avec maman qui me conseille derechef : "Deviens pharmacienne; c'est bien considéré et bien payé; mais il te faudra bien travailler à l'école !". Super ! J'avais ma vocation : je serai pharmachinchose. L'esprit libéré, je retournais jouer, rire et pleurer.

Les années passent. La pharmacie s'éloigne pour laisser place nette à un magasin de fleurs, vite démoli pour y dresser un cirque que mes parents s'empresseront de démonter à grands coups de "T'es folle ! Tu devrais vraiment penser à autre chose à 14 ans !". Je me suis mal défendue et comble de l'ironie j'ai enchainé sur le prestigieux manteau d'avocat qui a rendu le sourire à mes pauvres parents déboussolés. Je n'ai pas tardé à plaider l'acquittement et me suis dirigée illico presto vers une zône incertaine mais tellement attractive : l'humanitaire ! Cherchez plus, la nouvelle Kouchner, ce sera bibi ! A moi les engagements tous azimuts et la sensation d'être utile, voire nécessaire.

Il était écrit que je ne serai pas la Kouchner du 21ème siècle. Probablement tant mieux. Le bac en poche, il fallut se décider. Mon esprit tortueux, presque torturé, harponna une ile bizarre : celle du soi. Je foulai pour la première fois la plage de l'esprit, aux sables si mouvants et parfois si émouvants. Les études de psychologie démarrèrent, avec pour carotte l'idée de devenir psychologue au bout d'un quinquennat.

Et me voici rendue en ce dimanche 14 décembre 2008 à m'interroger sur mon futur professionnel. A soupeser, à estimer, à sonder, à apprécier, à me broyer la cervelle quoi...

Et cette tentation lancinante d'écrire. Une putain d'envie venue de je ne sais où.

Allez, comme l'a dit l'autre : "Que sera, sera !"

2 commentaires:

  1. Princesse a commencé le questionnement à 9, la fin est-elle déjà tracée ?

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  2. Tout est à écrire ! Le roman de sa vie en particulier. La seule chose tracée me semble être le mot "fin". Et encore, on ne sait pas comment ce mot sera écrit. Je suis certaine que ta princesse aura une vie épatante. Forcément, avec un tel papa comme guide discret et indéfectible ! Je lui souhaite, je vous souhaite une histoire à faire pâlir les contes les plus fous !!!

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